16.9.19

Entre Muitos Outros




Ettore Scola. La famille. Le film commence par l’acte de photographier la famille rassemblée à l’occasion du baptême de Carlo et se termine par l’acte de photographier la famille lors du 80ème anniversaire du même Carlo. Je pensais avoir déjà vu ce film. Cela n’était pas le cas. Ou bien l’avais-je totalement oublié. Une de mes chances : une grande facilité à oublier. Ce qui permet de vivre plusieurs fois les premières fois.

La famille présente un kaléidoscope de personnages, de situations, de sentiments, et cetera. L’effet kaléidoscopique fait qu’il n’est pas nécessaire de s’identifier à un personnage particulier pour avoir envie – ou besoin – de rire ou chialer. J’avais oublié que mes larmes étaient à ce point salées qu’elles en venaient à brouiller ma vision de l’écran. Et puisque j’aime pleurer au cinéma, je suis sorti de la projection comme de la cabine de douche : propre comme un sou neuf, c’est-à-dire heureux de vivre.

En rentrant chez moi, j’ai repensé à cette photo prise lors de l’anniversaire d’une amie. Cela se passe au Brésil, c’était il y a quelques années. Toutes les personnes sont brésiliennes. Le seul gringo est le photographe. L’arrière-plan ne me plaît pas, il est surexposé. J’ai essayé de corriger, c’est plus ou moins réussi. Mais, au fond – si je puis dire – ce sont les personnes photographiées qui comptent.

J’ai examiné attentivement chacune des personnes, je ne me suis pas toujours rappelé de leurs prénoms, mais qu’importe ! Deux d’entre eux ne sont plus de ce monde. Un accident de voiture et un homicide. Les deux principales causes de décès au Brésil. Je sais qu’il ne serait pas aussi facile aujourd’hui de prendre cette photo, tant les déchirures provoquées par la situation politique du Brésil divisent les familles et ont éloigné certains amis. J’ai pu identifier quelques uns des électeurs de Bolsonaro. De même avec Haddad. Grâce aux discours nauséabonds du facho en chef, beaucoup de masques sont tombés. Les racistes ne cachent plus leur haine des noirs. On remarque d’ailleurs qu’à une exception près, tous ces individus sont blancs, ou du moins se déclarent comme tels lors des recensements. La première fois qu’un fonctionnaire m’a demandé ma couleur de peau, j’ai été assez surpris, j’ai répondu que j’étais rouge, rapport à ma couleur politique et à mes coups de soleil. Les homophobes ne craignent plus de dire qu’il faudrait interdire l’homosexualité. Dans ce petit groupe, il y a les uns et les autres. Se parlent-ils encore ? L’un d’entre eux souhaiterait qu’on ratiboise l’Amazonie pour en faire des prairies où il pourrait mettre à paître ses milliers de tête de bétail. D’autres sont plus prudents, quant à cette question. Mais il faut bien le dire, pour l’immense majorité des Brésiliens, de droite comme de gauche, le dérèglement climatique est une vaste fumisterie.

Brésil oblige, la chanson est brésilienne. Les paroles font, à leur façon quelque peu ironique, écho à la photo : Entre Muitos Outros de Péricles Cavalcanti. Comme quoi il n'y a rien d'étonnant à s'appeler Péricles.


3 commentaires:

  1. ah yes families, our first teachers, our first witnesses, and also the first to show us the treachery of love...and very difficult (if not impossible) to escape its imprint...i do like family photos especially large ones like this. I come from a large family too...

    RépondreSupprimer
  2. Oh yes, escaping the family imprint. Sometimes I think my life has been very free from family influences, but probably some deep features impregnate me. Maybe should I have done a psychoanalysis to understand better these questions ;-))

    RépondreSupprimer
  3. Ich denke: Je älter man wird, desto mehr nimmt man Familienähnlichkeiten wahr.
    Was mir gefällt: die Korrespondenz der Beinhaltung der Frau in Rot mit den gekreuzten Krücken des jungen Mannes rechts von ihr.
    Gruß Uwe

    RépondreSupprimer

All rights reserved
Tous droits réservés
Todos os direitos reservados