5.3.14

Où retenir son souffle

Il y avait les déserts urbains, où il aimait s'enfoncer, et il y avait les forêts urbaines face auxquelles il retenait son souffle, plus par nécessité que par peur. C'était un trop plein de visions, la porte d'entrée d'un vertige qu'il savait ne pas pouvoir contrôler longtemps. Fallait-il entrer ?
Il avait en tête des musiques qui prétendaient rendre compte de ces profusions, il avait en tête de sales désirs – mais qui avait dit qu'ils étaient sales ? Il savait que quelque part, dans une rue qu'il ne connaissait pas encore, ces sales désirs allaient remonter à la surface et qu'il ne pourrait rien leur opposer.
Il lui arrivait de rêver à une sorte de petit miracle, une rencontre improbable qui lui épargnerait le peu de mauvaise conscience qui lui restait, un petit quelque chose qui revêtirait la peau d'une femme improbable. Il lui arrivait de croire la croiser le temps d'un échange de regards entre des millions. Il lui arrivait de se sentir gueux et roi à la fois. L'affaire d'une seconde.

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