« Mes souvenirs font naître les mots, les phrases se nouent, se dénouent prêtes à l’écriture. Je les laisse se perdre en prodigue, pétales de printemps ou feuilles d’automne envolés à jamais. Il en subside un nimbe, d’harmonie latente, une résonance, parfois un beau vers souvent oublié. Ainsi, je possède une terre en friche et néglige sa fertilité. Elle attend la charrue. Elle est fidèle. Vais-je labourer ? »
Je lis aujourd'hui, pas tout au fait au hasard, un texte de l'écrivain belge Paul-Aloïse de Bock, intitulé Le Delta du Danube, où il est aussi question d'un village de Lorraine, cette même Lorraine où j'ai pris cette photo il y a un peu plus d'un an. Paul-Aloïse de Bock y « rêvasse, dans le vague », y médite sur la vieillesse, sur la mort. Il a alors 80 ans.
Même si je n'ai pas encore atteint cet âge canonique, j'ai failli récemment passé de l'autre côté. L'autre côté, à dire vrai je n'y crois pas. Disons plutôt que j'ai été tout près de cesser de vivre, au point que deux ou trois jours de ma vie se résument à un trou noir. L a vieillesse ne me paraît désormais plus si lointaine, j'y ai déjà un pied car désormais rien ne sera plus comme avant. J'ai moi aussi mes souvenirs qui font naître des mots, des mots que je n'ai pas toujours envie de coucher sur le papier, des mots qui me passent par la tête et le cœur, accompagnés de sentiments mêlés.
Mais si j'ai un pied dans la vieillesse, je veux croire que j'en ai un autre encore dans la jeunesse, une jeunesse toute relative certes, une jeunesse en tout cas qui est celle de l'envie d'entreprendre encore écriture et photographie. Ma terre en friche, en quelque sorte. Vais-je labourer ?
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