Can't put the rain back in the sky Once it falls down |
Can't force the river upstream When it goes south |
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Songs est le nom de cette série où le travail photographique – diptyques ou petits albums – est inspirée par des chansons. Un nom anglais pour une série qui parcourt aussi bien les références anglo-saxonnes, brésiliennes, françaises, allemandes, c'est dans l'ordre des choses. Non que je tienne à m'y soumettre, mais simplement parce que le mot m'est venu ainsi et que je l'ai laissé s'imposer à moi. Mais de même que le premier titre de la série était hispano-allemand – pour une chanson brésilienne ! –, les autres titres pourront se parer de termes de diverses langues. Dans un monde où circulent les denrées et les produits industriels, les idées et les informations de toute la planète, n'est-il pas acceptable que notre façon de parler prenne en compte des mots venus de tous les horizons ? Et à bien y réfléchir, cela a d'ailleurs été le cas depuis toujours, aucune langue n'étant exempte d'imports. Cette fois, il s'agit d'une chanson de Lucinda Williams – Are You Down ?
Serge Gainsbourg disait de la chanson que c'est un art mineur. Je ne saurais le contredire et c'est pourquoi je m'interroge sur le pouvoir de fascination de cet art mineur. Car à quoi tient, sinon le succès, du moins l'intérêt que peut susciter une de ces œuvrettes appelées chanson ? Cela tient souvent à une alchimie difficilement analysable, un vers ou deux qui frappent à l'oreille de l'inconscient de l'auditeur, une mélodie entêtante, une voix qui vient comme l'écho d'une attente qui n'est jamais satisfaite, une couleur musicale, une certaine vibration. Quoi d'autre encore ? Vous pouvez compléter l’énumération. Are You Down ? ne déroge pas à cette intuition. Les paroles en sont faibles, mais un vers aussi banal que Can't force the river upstream peut, certain moment, s'avérer tout à fait convaincant en réveillant une évidente nécessité. La voix de Lucinda Williams, chargée d'une sensuelle lassitude, sait porter les pauvres mots, et même les transcender en quelque sorte. L'accompagnement instrumental magnifie le tout, sur un rythme laid-back, la guitare ciselant en contrepoint de la mélodie de délicates fulgurances qui rendent captivante l'avancée d'un temps contre lequel il serait inutile de lutter.
Lucinda Williams ? Je ne la connaissais pas avant de la croiser chez Hobokollektiv. Sur Qobuz, où vous pourrez la découvrir, on peut l'écouter sur 55 albums, soit de son fait, soit en tant que participante.
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