6.7.19

Métro, boulot, caveau




J’ai longtemps attribué à tort l’expression « Métro, boulot, dodo » à Mouna Aguigui, alias André Dupont, auteur de bien des aphorismes (« Caca, pipi, capitalistes » ou « Notre siècle : arnaques, barbaques, matraque ») associés à une critique de la société. Un Aguigui Mouna qui connut son heure de gloire dans les années qui ont suivi 1968 et son confus mois de mai.
Vérification faite, nous devons ce slogan à un autre poète, Pierre Béarn, celui-ci célébré par les académiciens d’un certain monde littéraire de l’époque et même un peu au-delà, puisque décoré par la République. Mais, au fond, ce que l’on peut penser de Pierre Béarn n’a guère d’importance. Force est de reconnaître que son invention du « Métro, boulot, dodo » lui vaut bien de mériter quelque reconnaissance.
Sur la photo prise dans la petite cité jurassienne d’Arbois, le caveau se substitue au dodo. En quelque sorte un dodo éternel, qui nous parle peut-être d’un moment historique que l’on nous dit plus tragique que jamais, puisque certains n’hésitent pas à nous menacer d’une extinction de l’espèce humaine. Une menace que je ne prendrai pas le risque d’écarter en quelques mots. En tout cas, il est vrai qu’au temps si proche de mon enfance – à l’échelle du temps universel –, nul n’aurait imaginé qu’en quelques décennies l’hypothèse d’une disparition possible de l’homo-sapiens, d’ici quelques années, aurait paru possible.
D’aucuns, moins chagrins que moi, feront remarquer que sur le trottoir, au premier plan, on devine l’accès à une cave à vin où l’on garde les tonneaux où vieillissent les savagnins, trousseaux, poulsards et autres cépages. Et que, donc, le caveau pourrait être cette cave. Cela me paraît peu convaincant, d’autant qu’en Arbois il n’y a nul métro pour donner corps à cette interprétation.


4 commentaires:

  1. J'adore ce billet. Et l'évocation de Mouna avec son triporteur me touche parce qu'elle me rappelle ce passage de l'enfance à l'adolescence. Il occupait le pavé du quartier latin dont il était une survivance folklorique puisqu'il avait commencé bien avant 68 à amuser la galerie avec ses aphorismes qui étaient parfois assez pertinents. Mon prėféré était "les mass média rendent les masses médiocres". Je crois même qu'il s'était présenté pour rire à la mairie du cinquième. En tout cas j'aime bien cette photo aussi.

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    1. Merci Arnaud. Il est significatif que nous ayons plaisir à nous rappeler de Mouna plus que de Pierre Béarn.

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  2. et moi qui ne connais ni l'un ni l'autre savoure tout autant cette évocation. Merci !

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