27.7.19

Cyclistes Pied à Terre




Quel est ce monde où, au milieu de ce qui ressemble vaguement à une forêt, l’on a cru bon d’installer un panneau invitant, ou plutôt exigeant des cyclistes qu’ils mettent pied à terre ? Les pieds, j’ai dû les y mettre, en cette forêt où saute le Doubs, pour la première fois lorsque j’étais enfant. Il y a donc quelques décennies. C’était donc il y a une éternité. On y venait admirer cet accident hydro-géologique en famille. On y croisait personne ou presque. Même le dimanche. Et surtout on ne risquait pas de se faire renverser par une bicyclette et son maître. Le VTT n’existait pas.
On le voit aujourd’hui sur cette photo, il y a aussi une poubelle équipée d’un sac en plastique, et un banc. La forêt domestiquée, balisée, asservie. Et si l’on n’aperçoit personne sur cette photo, croyez-moi, ils sont nombreux aux alentours, même le lundi. Je les ai simplement sortis du cadre.
Nous serons bientôt huit milliards. Et nous sommes deux ou trois milliards à nous presser dans ce qui, il y a moins de trente ans, s’appelait la nature. Des foules se ruent à l’assaut des plus hauts sommets de l’Himalaya au point de créer des embouteillages et leur lot d’accidents de la circulation pédestre. La baie d’Halong exhibe plus de sacs en plastique que de poissons. Le Vatican et sa Chapelle Sixtine accueillent chaque année des millions de visiteurs qui n’ont de visiteurs que le nom dont on les affuble. Les sociologues appellent cela le tourisme de masse.
Tourisme ou pas, nous sommes donc près de huit milliards d’individus qui consomment et qui polluent. Quelques uns parlent d’une transition écologique qui serait devenue urgente. Il y a cinquante ans qu’elle est devenue urgente. Remplacer l’essence et le diesel par de l’électricité ne changera rien au problème. Nous ne faisons que le déplacer. Et en le déplaçant nous encourageons plus de consommation encore, en nous obligeant à remplacer plus vite encore nos équipements. Bref nous sommes foutus. Sauf à entreprendre une révolution radicale, visant une forte décroissance. Qui ne se produira point. Circulez, il n’y a rien à voir !


2 commentaires:

  1. Il faut lutter, être un exemple, beaucoup sont prêts pour un changement de vie il faut juste les aider. Que chacun pose sa pierre et le mur sera vite construit:)

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    1. Lutter ou mourir, nous n'avons pas d'autre choix. Merci, Nadezda, pour tes encouragements.

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