4.6.19

Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend




"Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend", ça se passe sur la pince que tient le mouton noir. Et que dire des barbelés dans lesquels sont insérées les pattes du mouton blanc ? Entre le mouton blanc et le mouton noir se déroule une palissade qui semble de bois, une palissade qui pourrait servir de frontière, une palissade derrière laquelle, d'un côté, sont regroupés des tanks ou des chars d'assaut. Je ne saurais être plus précis quant à ces équipements militaires, mes connaissances en ce domaine étant des plus limitées.
Il y a deux ans, on nous annonçait qu'un artiste italien, un certain Ericailcane, mandaté par Bien Urbain, allait "profiter de son séjour pour réaliser une peinture murale dans l’espace public bisontin".
Comment interpréter cette fresque ? Et si j'étais un mouton, serais-je le blanc, serais-je le noir ? Je n'aimais pas mon père - sentiment plutôt banal - mais je lui reconnaissais le courage d'avoir fin 1942 ou début 1943, à l'âge de 20 ans, traversé la Méditerranée pour rejoindre les Américains qui avaient débarqué en Afrique du Nord, comme on disait alors. Aurais-je eu ce courage ? J'ai certes couvert en free lance des révolutions, des guerres, parfois civiles. D'ailleurs toutes les guerres ne sont-elles pas civiles ? J'ai aussi parcouru plus de kilomètres que nécessaire et traversé des contrées qu'on disait instables. Mais ai-je risqué ma vie ? Sans doute pas plus qu'en prenant ma voiture pour descendre sur la Côte d'Azur.
En préparant cette photo, en cherchant l'angle le meilleur, un homme s'est approché et s'est arrêté. Ils nous a adressé la parole, nous a indiqué une autre peinture murale en cours de réalisation dans un autre quartier de la capitale franc-comtoise, le quartier de Palente où se trouvait il y a déjà longtemps, longtemps à l'échelle d'une vie d'homme, les ateliers Lip, qui tentent aujourd'hui leur renaissance ailleurs. Cet homme était né au Portugal, dans la Montagne de l'Etoile. La Serra da Estrela : y a-t-il plus beau nom pour une montagne ? Arrivé à l'âge de 6 ans en France, où son père était venu chercher du travail, il nous a raconté sa vie à grands traits. Lors de son acquisition de la nationalité française, il avait obtenu de changer de prénom, de passer de Carlos à Charles. Était-ce cela l'intégration ? Croyant lui faire plaisir, nous avons commencé à lui parler en portugais, il a continué de parler français. Était-ce cela aussi l'intégration ?
Voilà bien des questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse. Et reste cette peinture murale ici divulguée, magnifique et sans doute chargée d'une idée généreuse, qui nous rappelle que seule la fraternité pourra peut-être sauver l'humanité. Un message indispensable au moment où les Salvini, Orban, Le Pen et quelques autres voudraient relancer le désir de guerre en Europe, alors que naïvement nous nous croyions définitivement en paix.



8 commentaires:

  1. ...a fabulous mural on a fabulous building!

    RépondreSupprimer
  2. Oui, une superbe fresque. Et je crois discerner en dessous de cette oeuvre, une ancienne publicité pour une boisson à la gentiane... Joli palimpseste! J'aime beaucoup!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Efbé. Votre discernement, qui vous permet de distinguer des détails rémanents du passé, m'impressionne beaucoup.

      Supprimer
  3. Un excelente grafiti, buena fotografía y una gran reflexión.
    Abrazos.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. El descubrimiento de esta pintura mural me dejó atónito. Y he tratado de estar a la altura de su reto a través de la reflexión que ha generado en mí.

      Supprimer
  4. A mural that makes us think! Thanks for participating.
    When we lived in Portugal we lived about 60km from Serra da Estrela, where we would drive to in Winter to see some snow :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. So you've been living in Portugal. I've been working in Lisboa for 18 months!

      Supprimer

All rights reserved
Tous droits réservés
Todos os direitos reservados