5.8.14

Se laisser porter par le vent des silences

Je les observais discuter, de trop loin pour les entendre. Je me demandais ce qu'ils pouvaient bien se dire. J'imaginais des trucs sans intérêt, peut-être des racontars, ou encore des blagues. De sales blagues. Ou, pourquoi pas, de la politique. Non pas que la politique soit sans intérêt. Mon vieux disait que si on ne s'intéresse pas à la politique, la politique, elle, s'intéresse à nous. Et, pour une fois, il n'avait pas tort, mon vieux.
Au fond, je les enviais peut-être, sans vouloir me l'avouer. J'aurais peut-être aimé être avec eux, ne serait-ce que pour les écouter. Car pour ce qui était de parler, ce n'était pas mon fort. Sauf peut-être en tête-à-tête à de rares moments. Les confidences, ça ne peut se faire qu'à deux. En ai-je fait un jour, vraiment ? Sans doute, un jour, ou plutôt une nuit où j'avais baissé la garde.
Mais même les confidences, les soi-disant confidences, est-ce qu'il leur arrive d'être sincères ? Sommes-nous capables de sincérité ? J'en doute. Il y a toujours le comédien qui sommeille en nous. Il suffit qu'il laisse tomber un masque pour qu'il donne à voir celui qui se cachait dessous. Après tout, est-ce si important ? Nous sommes ainsi faits. Juste bons à raconter des trucs sans importance, à rapporter des ragots, à se lancer des blagues métaphysiques. Ou simplement idiotes. Idiotes.

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